Collecter des dons en crypto monnaies

in voilk •  7 days ago

    Contexte

    « Médecins Sans Frontières » (MSF) est une des plus grandes et plus réputées organisations caritatives mondiales, active dans de nombreux pays. Fondée en 1971, MSF fournit une assistance d’urgence dans des contextes de conflit, d’épidémie, de catastrophe naturelle et de crise humanitaire, en mettant l'accent sur l’accès aux soins pour les populations vulnérables et négligées dans le monde entier. MSF Luxembourg est la branche locale à Luxembourg.

    MSF Luxembourg a sollicité à OffChain Luxembourg une analyse afin d’augmenter la collecte de fonds totale grâce à la pénétration d’un nouveau marché, le marché des crypto actifs et la population qui y est active, une population qui aujourd’hui comporte peu de donateurs.

    OffChain Luxembourg

    OffChain Global est un réseau d’associations ayant commencé en 2017 avec une mission de soutenir une communauté globale de professionnels et d’enthousiastes des technologies blockchain et des crypto monnaies. OffChain Luxembourg est la branche locale, incorporée en 2024 comme une association sans but lucratif selon la Loi du 7 août 2023. OffChain Luxembourg s’est donné pour missions :
    -d’éduquer et former le plus grand nombre à l’utilisation des technologies blockchain et des crypto monnaies à travers des évènements, des formations, de conseils et avis.
    -de faciliter la conception, la création et le déploiement d’applications de ces technologies notamment dans le domaine des paiements.
    -de favoriser et accompagner la formation d’une communauté au niveau local et régional pouvant tirer profit de ces technologies afin de générer de la valeur nouvelle, plus de prospérité et de bien-être.
    MSF a fourni des informations préliminaires concernant l’attitude du Conseil d’Administration vis-à-vis des crypto-actifs, les initiatives prises par d’autres filiales ainsi que les résultats des investigations préliminaires réalisées en interne.

    Deux réunions ont eu lieu dans les locaux de MSF Luxembourg afin de mieux cerner la problématique, les objectifs et les contraintes. Il a été convenu qu’OffChain Luxembourg livrera un document d’analyse avec des propositions que MSF Luxembourg pourra choisir de mettre en application ou pas, avec ou sans l’implication ultérieure d’OffChain Luxembourg.

    Il est important de noter que les crypto actifs ont des caractéristiques qui pourraient intéresser MSF dans ses activités opérationnelles. Il a été clairement précisé que ces caractéristiques n’intéressent toutefois pas MSF Luxembourg à ce stade. Les crypto actifs sont vus comme un simple véhicule financier associé à une population cible. MSF Luxembourg convertirait immédiatement toute crypto monnaie reçue en monnaie fiduciaire (euros).

    Ce document représente le livrable d’OffChain Luxembourg tel que convenu avec MSF Luxembourg. MSF estime que la transparence de ses processus décisionnels et de ses actions lui confère force et confiance. OffChain Luxembourg considère également la transparence une de ses valeurs centrales. En conformité avec ses principes et ses statuts, OffChain Luxembourg publiera ce document sur une blockchain publique. Il est entendu que la responsabilité d’OffChain Luxembourg ne saurait en aucun cas être engagée quant aux décisions que MSF Luxembourg prendra ou ne prendra pas, ni quant aux résultats éventuels de ces décisions.

    Objectifs

    L’objectif d’MSF Luxembourg est d’augmenter la collecte annuelle de 100 à 450 mille euros supplémentaires par des actions touchant une population perçue comme plus jeune, plus technophile et contribuant aujourd’hui proportionnellement moins que d’autres groupes. Il s’agit des détenteurs de crypto actifs.

    Afin d’obtenir ces fonds nouveaux, MSF Luxembourg est prête à engager un budget qui sera principalement déployé en actions de marketing et communication afin de faire connaître l’initiative et d’attirer des donateurs. Les coûts de formation du personnel de MSF Luxembourg impliqué dans cette initiative ainsi que les coûts informatiques engendrés pourraient également être couverts. Si on considère le budget alloué comme un investissement, MSF Luxembourg travaille avec un ROI de l’ordre de 7 à 10 fois. Toutefois un ROI plus faible peut être justifié au début d’une nouvelle activité. Dès lors, un budget indicatif de l’ordre de 25 à 75 mille euros peut être utilisé comme une donnée en entrée de notre analyse.

    Economie des crypto-actifs

    Afin de comprendre comment capter des flux financiers circulant sous forme de crypto monnaies, il est important de comprendre les mécanismes à travers lesquels de la valeur économique traverse les barrières de la finance traditionnelle, basée sur la monnaie fiduciaire (généralement appelée « fiat »), et entre dans l’univers des crypto actifs (ou le « cryptoverse ») pour y emprunter les « rails » des crypto monnaies.

    Depuis que le marché des crypto-actifs a acquis une taille justifiant que MSF s’y intéresse, et jusqu’à pas si longtemps, la principale source de création de crypto-monnaies était « le minage ». A travers le « minage », en essence, de la monnaie fiduciaire est transformée, par le truchement de l’électricité consommée lors de calculs spécifiques, en nouvelle crypto monnaie. Le document initial fourni par MSF Luxembourg laissait fortement penser que ceux qui avaient été à l’origine de l’initiative voyaient toujours « le minage » comme principale source de crypto monnaie. Avec cette hypothèse implicite, la question qu’abordait le document initial partagé avec nous était le « retour » de valeur économique se trouvant sous forme « crypto » vers la monnaie fiduciaire, un processus généralement appelé « off-ramp ».

    Deux options ont été mentionnées, dont une (« The Giving Block ») ne l’était qu’à titre historique, et seulement la seconde, la plateforme lyzi.io restait en lice.

    Figure 1. Capture d'écran du site de lyzi.io montrant une conversion implicite "5€ = 0,072LTC"

    Les nouvelles sources de crypto actifs

    Le « minage » ne contribue plus, depuis plusieurs années déjà, de manière significative au passage de valeur économique des circuits en « fiat » vers les circuits « blockchain » et « crypto ». Le « minage » de Bitcoin (BTC), la crypto monnaie la plus importante de loin, n’est plus un hobby. Il est devenu industriel et extrêmement compétitif et est exécuté aujourd’hui par des acteurs économiques de taille, ayant mobilisé d’importantes sommes en capital, soumis à des contrôles stricts d’emploi de ce capital et opérant sur des marges très faibles. Cela n’est d’emblée pas propice à la générosité.

    Mais plus pertinent encore, ces acteurs ne sont pratiquement pas présents à Luxembourg car la « matière première » (l’électricité) n’y est pas particulièrement abondante.

    Qui plus est, la deuxième crypto monnaie, ETH a opéré en 2022 une mise à jour profonde et a abandonné entièrement le minage. A elles deux, BTC et ETH représentent près de 75% de la valeur totale en crypto monnaie. Par ailleurs, de nombreuses autres crypto-monnaies créées dans les années 2010 – 2015, inspirées par le protocole de Bitcoin et utilisant le minage ou des protocoles assimilés ont nettement perdu de leur attrait et sont devenues marginales. Il est ainsi de quelque cryptos autrefois populaires, par exemple celles qui apparaissent dans les publicités de la plateforme lyzi.io, comme LTC ou DASH. La première ne représente plus que 0,2% du marché alors que la seconde a reculé encore plus, à 0,01% de la valeur totale du marché des cryptos.

    Aujourd’hui, la source la plus importante d’entrée de valeur dans le « cryptoverse », et de loin, est le processus de conversion volontaire de monnaie fiduciaire en crypto par achat direct, sur des plateformes centralisées (bourses de crypto monnaies centralisées ou CEx). Ce processus est généralement connu sous le nom de « on-ramp ». Ce processus est d’autant plus pertinent dans notre contexte car :
    1.Des acteurs de type CEx de taille respectables sont présents à Luxembourg et pourraient être intéressés de collaborer avec MSF Luxembourg pour des raisons d’image et publicitaires.
    2.L’entrée en application de la règlementation MiCA en janvier 2025, combinée avec le besoin du Grand-Duché de se positionner sur ce nouveau créneau de l’industrie financière afin de préserver sa compétitivité sont susceptibles de conduire à une augmentation significative des flux financiers se dirigeant vers le « cryptoverse ».

    De plus, le monde des cryptos s’est entre temps développé avec de nouvelles activités qui génèrent de la valeur intrinsèque, « native ». Ces activités sont largement de type financier (recherche d’optimisation de l’allocation de capital), mais pas uniquement :
    1.« Staking » - équivalent dans le monde traditionnel du placement en bons de trésor et obligations.
    2.« Trading » - équivalent du trading du monde traditionnel
    3.« Récompenses diverses » liées aux activités en ligne tombant sous l’étiquette générique « Web3 » comme par exemple les jeux « play to earn » ; le flux financiers engendrés par ces récompenses peuvent être assimilés aux « dividendes » des sociétés du monde traditionnel.

    Nous conseillons par conséquent à MSF Luxembourg de cibler ses efforts sur ces nouvelles sources, notamment sur le processus de « on-ramp ».

    Plateformes d’off-ramp

    Cela a comme implication que l’intégration directe sur le site de MSF d’une plateforme d’off-ramp comme lyzi.io ou autre n’est pas considérée une approche pertinente puisque le résultat le plus probable sera une « cannibalisation » des dons classiques en monnaie « fiat », de sorte que l’ensemble récolté ne variera que peu.

    Cela étant seulement notre analyse, MSF Luxembourg pourrait néanmoins vouloir tester cette voie. Dans ce cas, il pourrait être envisagé de démarrer un projet qui met en concurrence plusieurs plateformes d’off-ramp, aux côtés de lyzi.io, comme par exemple Transak (transak.com), Triple A (triple-a.io) ou autres. Avec une mise en place intelligente, MSF Luxembourg récolterait, sur un intervalle d’observation de plusieurs mois, des données précieuses quant à l’intérêt potentiel d’offrir cette option et, surtout, quant à la performance relative des différentes plateformes concurrentes. En effet, la spécificité des dons (les donateurs n’attendent rien de quantifiable en retour) présente une faiblesse de gouvernance structurelle, qui ne peut être compensée que par la mise en concurrence de plusieurs intermédiaires.

    Cette faiblesse est illustrée dans la Figure 1 au-dessus. Prenons la somme de 0,0072 LTC qui y apparaît. Dans le monde marchand, la plateforme d’off-ramp ne pourra qu’être l’intermédiaire d’un retour vers « l’acheteur » d’une valeur équivalente à 5€. Si l’acheteur ne reçoit pas quelque chose qu’il estime valoir 5€ en retour, il réagit immédiatement. Mais le donateur, lui, n’attend rien en retour et MSF Luxembourg n’aurait pas forcément les moyens d’évaluer la somme en euros qu’elle devrait attendre à la suite de la conversion par la plateforme d’off-ramp des 0,0072 LTC reçus en don. Cela expose MSF à un risque financier significatif, car la plateforme pourrait trouver des justifications plausibles (volatilité des crypto monnaies, coûts de conversion, coût réglementaire, etc.) afin de lui livrer que 2€ au lieu des 5€ qui étaient dus.

    Ce projet de mise en concurrence de plusieurs plateformes d’off-ramp ne représente pas nécessairement un coût financier important mais peut constituer un coût d’opportunité, empêchant MSF Luxembourg d’allouer de précieuses ressources humaines à d’autres approches, qui paraissent plus prometteuses.

    Dans ce qui suit, nous allons entrer dans les détails de ces différentes approches que nous estimons plus appropriées à l’état actuel de « l’industrie crypto ».

    Processus « d’on-ramp »

    Acteurs « natifs »

    Aujourd’hui le processus de passage de la monnaie fiduciaire vers les cryptos se fait principalement grâce aux acteurs « natifs (« pure players »), les CEx. Des acteurs de taille raisonnable opèrent à partir du Luxembourg grâce à une licence VASP de la CSSF. Les plus connus sont bitFlyer Europe S.A. et Bitstamp S.A. D’autres acteurs de plus petite taille comme Blocktrade et VNX Exchange sont également présents. Les clients particuliers ou institutionnels peuvent déposer des sommes en euros dans les banques partenaires de ces acteurs (Banque Frick au Lichtenstein pour bitFlyer, LHV Bank en Estonie pour Bitstamp) et accèdent ensuite à une interface à travers laquelle ils peuvent acheter des cryptos avec ces euros.

    C’est à ce stade là qu’il serait recommandé d’intervenir auprès de ces acteurs afin de les inviter à implémenter dans leurs interfaces utilisateur une option permettant à l’acheteur de supplémenter son achat avec un don à MSF Luxembourg.

    En effet, MSF Luxembourg n’a pas l’intention de profiter des avantages des cryptos pour la transmission de valeur sans frontières mais souhaite plutôt transformer les crypto monnaies en euros immédiatement afin de les diriger dans les circuits bancaires traditionnels. Dès lors, il apparaît mal avisé de proposer un don en crypto si les cryptos sont obtenues par achat en euros, car cela ne fait qu’augmenter les frais, les risques de change et la complexité. Il est beaucoup plus efficient de proposer à un client CEx qui veut acheter du BTC pour 1500€ par exemple d’accompagner son achat d’un don de 150€ à MSF. De cette façon, la population cible est touchée, et si les 1500€ vont bel et bien servir pour acheter du BTC, les 150€ de don passeront tout simplement du compte du client vers le compte de MSF sans les frictions associées à une double conversion « euro vers BTC et BTC vers euro » qui n’a simplement pas de sens.

    L’association avec MSF devrait normalement représenter une valeur en termes d’image pour bitFlyer et Bitstamp qui tentent de recruter des clients à Luxembourg, dans la Grande Région et partout en Europe depuis leur siège à Luxembourg. Toutefois, ils pourront invoquer des coûts d’implémentation qui seraient facturés par des entités tierces. MSF devrait rester ouvert à une éventuelle nécessité de contribuer financièrement à l’implémentation de l’option « donner à MSF Luxembourg » dans les interfaces utilisateur des CEx.

    Risques et difficultés

    Plusieurs difficultés peuvent être anticipées. Ainsi bitFlyer Europe est la filiale d’une société japonaise. La culture japonaise est très centralisée et laisse très peu d’autonomie aux filiales. Il est fort probable que bitFlyer Europe ne pourra pas décider de collaborer avec MSF Luxembourg avant d’obtenir l’aval du siège de Japon, ce qui risque d’être long et difficile. Bitstamp pour sa part vient d’être rachetée par la société américaine Robinhood et perdre ainsi son indépendance décisionnelle. De plus, les départements de conformité juridique des deux CEx pourraient faire état du manque éventuel d’une ou l’autre licence qui pourrait être requise par la CSSF pour permettre ce type de transaction.

    Acteurs « traditionnels »

    A l’instar de la banque suisse Swissquote, disposant d’une autorisation du régulateur suisse et d’une licence bancaire au Luxembourg, des acteurs de la finance traditionnelle pourraient s’immiscer sur le nouveau marché des crypto actifs après l’entrée en application du règlement MiCA. Forts de leur réputation, ces acteurs viendraient concurrencer les acteurs « natifs » comme bitFlyer ou Bitstamp. La réglementation MiCA facilite en effet grandement l’entrée sur le marché des cryptos des « institutions de crédit » (les banques traditionnelles) qui peuvent obtenir sur simple demande une licence de fournisseur de services sur crypto actifs (ou « CASP »). Si elles décidaient de saisir l’opportunité, cela constituera une très belle opportunité pour MSF Luxembourg également, qui pourra se féliciter d’avoir préparé ce nouveau « parcours de don » à l’avance, avec les acteurs natifs.

    Acteurs institutionnels

    Le Luxembourg est reconnu comme un des plus grands centres de services pour les fonds d’investissement. De nombreux acteurs de taille y offrent des services de conservation de titres (« custody »). Dans le cadre de ces services, ces « custodians » (par exemple CACEIS) sont d’ores et déjà appelés à acheter des cryptos. La Bourse de Luxembourg (LuxSE), servant principalement des clients institutionnels pourrait également obtenir une licence CASP avec peu d’effort.

    A condition que LuxSE fasse état de l’intention d’obtenir une licence CASP, la collaboration peut prendre différents contours. L’image de marque de MSF est en ligne avec l’image que tente de se donner LuxSE. Cela offrirait un bel alignement permettant à MSF de collaborer avec LuxSE et les « custodians » afin d’intégrer une option de « don à MSF » lors des achats de cryptos ordonnés par les gestionnaires de fonds mais exécutés par les « custodians » (possiblement sur les CASP natifs ou sur LuxSE).

    Processus internes au monde « crypto »

    De la valeur économique est générée à l’intérieur de l’univers « crypto ». La valeur de marché d’ETH est d’environ 270 milliards d’euros. Plus de 40% des ETH (100 milliards d’euros) sont verrouillés pour la preuve d’enjeu et génèrent environ 3 milliards d’euros annuels de revenu de « staking » (rendement de 3%). A la différence du minage dont la distribution géographique était très inégale en fonction de l’accès à l’électricité, la distribution d’ETH et autres crypto monnaies qui peuvent être verrouillées pour obtenir un revenu de « staking » est bien plus uniforme. Il faut également noter que certaines crypto monnaies offrent des rendements bien plus importants qu’Ethereum, pouvant aller jusqu’à 15%.

    Toutefois, le Luxembourg est pénalisé par sa faible population. Sur les 650 000 habitants il est estimé qu’environ 10 000 personnes possèdent des crypto monnaies (Source : « Triple A » - https://www.triple-a.io/cryptocurrency-ownership-data). Ce nombre est toutefois amené à augmenter grâce à la nouvelle législation MiCA.

    Aussi, il serait préférable pour ce flux de valeur de construire un lien direct avec les donateurs potentiels, plutôt que de se remettre aux CEx (comme dans le cas du processus de « on-ramp »). La relation directe, sans intermédiaire, est au cœur des préoccupations de la population des utilisateurs de crypto monnaie. Elle est alignée avec leurs croyances les plus enracinées. En effet, ceux qui possèdent le plus de crypto monnaie et sont susceptibles de donner le plus sont ceux qui ont été attirés très tôt par l’esprit du « livre blanc » de Bitcoin : « a peer-to-peer electronic cash system ». Il est utile de rappeler ici que Bitcoin a commencé comme une expérience théorique collective. La première proposition d’utilisation pratique de son histoire a été … pour faire des dons en faveur de Julian Assange lorsqu’en 2010 le gouvernement des Etats Unis a demandé aux réseaux VISA et Mastercard de ne plus traiter les paiements à destination de WikiLeaks !

    Plus récemment, il faut rappeler la collecte de dons en crypto monnaie à destination de l’Ukraine lorsqu’en 2022 elle a été envahie par la Russie.

    C’est justement la voie que semble emprunter MSF Suisse (Mario Stephan) qui propose un contrat de staking dédié, propre à MSF.

    Conservation

    Afin d’établir et maintenir une relation directe avec ses potentiels donneurs de crypto, MSF devra développer non seulement une stratégie de communication de ses adresses publiques à l’intention des donneurs cibles, mais aussi une stratégie opérationnelle. La question qui se pose est celle de la gestion des « portefeuilles » de MSF Luxembourg sur les différents réseaux blockchain qui seront choisies. Deux variantes sont proposées:

    1. Conservation propre
    2. Délégation de la conservation à un professionnel

    Il faut d’emblée dire que la délégation à un professionnel est le choix naturel. En effet, assumer une telle tâche en interne mettrait trop de pression sur l’organisation étant donné la taille de MSF Luxembourg et plus spécifiquement de son département IT. De plus la gestion de clés privées donnant accès à des comptes sur différentes blockchain est assez éloignée du cœur de métier de MSF.

    Si MSF décide de déléguer, il faut garder à l’esprit le fait que le domaine est assez récent et nécessite un niveau d’expertise que la plupart des acteurs sont seulement en train d’acquérir. Le « marché de la conservation de clés privées » est nouveau et destiné à une forte expansion. En d’autres termes, de nouveaux acteurs pourraient vouloir saisir l’opportunité et offrir à MSF ce service gratuitement ou à très faible prix. Dans ce cas de figure, MSF devra prévoir un budget formation pour former la personne qui maintiendra la relation avec le prestataire externe.

    Si en revanche MSF décide de développer une compétence de conservation en interne, il s’agira de se familiariser avec la création d’adresses blockchain et la gestion des clés afférentes, le monitoring des dons, leur transformation en euro, la réalisation et publication de rapports de suivi. Cela nécessitera plus de compétences internes et un investissement plus élevé dans la formation des équipes. Nous estimons que cet investissement sera utile car ce domaine n’est qu’à ses débuts et les développements futurs créeront très probablement des opportunités de retour sur l’investissement en formation.

    Dans les deux cas, la transparence des blockchains facilite le suivi d’activité et la délégation de tâches. Ainsi, MSF Luxembourg pourra charger un prestataire externe de faire la conservation des clés et des dons, pour autant que l’organisation se dote de la capacité de monitoring direct des transactions blockchain (ce qui peut à terme être automatisé).

    Dans ce contexte, la conservation pourrait potentiellement être sous-traitée à un CASP de type « custodian » comme mentionné plus haut (par exemple CACEIS, si un terrain d’entente est trouvé).

    Il faut observer que ces deux approches ne sont pas mutuellement exclusives et peuvent coexister. Ainsi par exemple MSF pourra communiquer pour le don en une crypto monnaie sur une adresse dont la conservation est faite en interne, et, pour d’autres crypto monnaies, sur des adresses gérée par des « custodians » attitrés (des « CASP »).

    Implémentation

    Staking

    L’implémentation du don à partir de revenus de staking dépendra du réseau ciblé et de la technologie de staking (native, « liquide », à travers un CEx fournissant ce service, etc.) Afin de concrétiser ces revenus il est impératif de mettre en place un projet qui débutera par une étude du marché local, pour permettre un ciblage effectif des investissements. En effet, investir pour permettre à ceux qui engagent par exemple du SOL natif sur le réseau peut se révéler inefficient s’il s’avère que les donneurs potentiels du marché luxembourgeois utilisent majoritairement le « liquid staking » ou font du staking à travers des CEx pas encore présents au Luxembourg comme Binance, Coinbase ou Kraken. Pour ce qui est d’Ethereum, des arguments d’efficience voudraient que MSF Luxembourg se joigne à MSF Suisse et communique localement sur l’opportunité de donner à travers le contrat de staking intelligent du groupe de Mario Stephan.

    Trading

    Pour les revenus de trading, une piste à investiguer est « la poussière » (« dust »). En effet, lors de la liquidation de positions, il reste quasi-systématiquement des « rompus », des sommes de crypto monnaie très faibles, trop faibles pour être utilement converties (« dust »). De nombreux CEx (e.g. Binance, Crypto.com) comptabilisent cette poussière et proposent à leur utilisateurs à intervalles réguliers de la convertir dans leur propre crypto-monnaie (BNB pour Binance, CRO pour Crypto.com). Lors de la prise de contact avec les CEx présents à Luxembourg (bitFlyer Europe, Bitstamp), il est recommandé d’explorer avec eux la possibilité d’intégrer dans leurs interfaces une option « donner la poussière à MSF ».

    Revenus divers

    Pour les revenus divers, il est suggéré d’inclure un axe d’étude dédié dans le projet qui devra être mis en place au cas où MSF Luxembourg décidera de cibler les revenus de « staking ».

    Conclusion

    Les différentes options mises en exergue ci-dessus, dont certaines ne dépendent pas de conditions en dehors du contrôle d’MSF Luxembourg, indiquent que « l’implémentation » ne se trouve pas sur le chemin critique.

    Dès lors, il paraît avisé de commencer par la conception d’une campagne de marketing et communication à destination de la population cible.

    En parallèle, MSF Luxembourg devrait prendre contact avec les acteurs clés mentionnés dans le document et explorer des possibles collaborations :
    -Acteurs natifs basés à Luxembourg : bitFlyer et Bitstamp
    -Acteurs traditionnels : Swissquote
    -Acteurs institutionnels : LuxSE pour les échanges, CACEIS pour la conservation

    La possibilité de tirer profit des processus internes au cryptoverse, comme le staking, font que les objectifs de MSF pourraient être atteints même si aucun des contacts avec les acteurs ci-dessus ne se concrétisait.

    Nous tenons à souligner que cela illustre une caractéristique unique du monde des crypto monnaies : la possibilité d’établir des relations directes, de « pair à pair », c’est-à-dire « de donneur à MSF », réduit les frictions et le pouvoir des intermédiaires.

    Aussi, en parallèle de l’approche visant le processus « d’on-ramp », MSF Luxembourg pourrait travailler à la mise en place d’un parcours de don à travers les processus internes, notamment le staking, et cela d’au moins deux manières :
    -en se joignant à l’initiative de Mario Stephan pour Ethereum
    -en mettant en place sa propre offre de staking sur une ou deux réseaux complémentaires.

    Le seul prérequis logistique dans ce deuxième cas de figure sera que MSF Luxembourg ouvre un compte avec un CEx installé en Europe (pas nécessairement au Luxembourg) afin de conserver les revenus de staking en crypto monnaie obtenus, et potentiellement les transformer en monnaie fiduciaire (tant que cette décision stratégique reste d’actualité).

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